Un ensemble impressionnant et original de 320 médaillons qui décore les soubassements des trois portails de la cathédrale fût commandé par Pierre III de Savoie, archevêque de Lyon et les chanoines. Ils sont sculptés entre 1308 et 1332. Ils s’apparentent aux médaillons des portails des Libraires (1280-1300) et de la Calende (1310-1330), de la cathédrale Notre Dame de Rouen, et de l’abbaye de Saint-Ouen de Rouen (1332).

LA DESCRIPTION DES MEDAILLONS

Elle se réfère aux travaux de L. Bégule*. Elle permet de repérer et de comprendre tel ou tel médaillon.Les sculptures des médaillons s’inscrivent dans une forme appelée « quadrilobe étoilé » (au nombre de 180), sauf  ceux du pinacle des pilastres qui sont triangulaires (40). Leur style est sobre et dépouillé. Les personnages, couples ou moines…sont représentés simplement. Les symboles animaliers, les personnages hybrides…etc… sont aussi, le plus souvent, exempts de toute décoration.

Des écarts de style apparaissent sur certaines scènes, plus riches en détails, rappelant les sculptures des consoles de la façade. La comparaison avec les quadrilobes du portail des Libraires à Rouen révèle des analogies mais pas de « copies » évidentes. Eu égard à leur état de conservation, il est vraisemblable que des couches d’enduit les ont dissimulés et protégés du vandalisme et des effets du temps.

  * Bégule (Lucien). Monographie de la cathédrale de Lyon, Lyon, 1880, pp 57/69

DE LA DESCRIPTION À L’HYPOTHÈSE D’UN PROGRAMME ICONOGRAPHIQUE

La description des médaillons et leur répartition permettent d’avancer un schéma d’hypothèse sur le SENS qu’ont voulu en donner les commanditaires « pourquoi , comment et pour qui  ces sculptures ?

POURQUOI ?  Les médaillons du portail central peuvent en apporter une réponse qui se développe ensuite sur les portails nord et sud.
– Le message spirituel est fondamental. Il occupe les trois assises intermédiaires, les plus en vue, lisibles horizontalement.
DIEU est le CRÉATEUR.  Un seul médaillon. Ensuite une « bande dessinée » illustre la désobéissance d’Adam, le meurtre de Caïn, Noé et le Déluge, Abraham et Loth, l’Alliance avec Abraham. C’est l’Ancien Testament.
En dessous de la Création, un médaillon représente JÉSUS –CHRIST FILS de DIEU, baptisé par Jean-Baptiste, saint patron de la cathédrale. C’est le Nouveau Testament.
-En complément l’Eglise de Lyon précise sa mission en témoignant de son souci du temporel par les deux assises du haut, avec notamment des scènes de genre ou du quotidien, du pouvoir, de la Royauté..etc.. – L’assise inférieure sud traite des activités des paysans selon les mois et les saisons. -Côté nord l’assise inférieure confère à l’ensemble une dimension cosmique, universelle, avec les signes du zodiaque.

COMMENT ? Les portails latéraux illustrent de nombreuses scènes de paix et d’harmonie en montrant la bienveillance de jeunes couples, la réflexion et l’étude de religieux et religieuses, la lutte contre le mal, un bestiaire, des saints …etc… Ils proposeraient les moyens à mettre en œuvre pour se rapprocher de Dieu :
– Le diable, le dragon, le mal, l’animalité de l’homme peuvent être vaincus grâce à la foi et aux vertus.
– Les saints en témoignent. Les moines en font l’écho. Ils ont écouté et mis en pratique la parole de Dieu.
– La miséricorde divine entraîne l’homme vers le haut où les anges l’attendent, prêts à Le couronner.

POUR QUI ?   Ces sculptures apparaissent dans un contexte de ruptures radicales : annexion de Lyon au Royaume de France, revendication des Lyonnais, perte de pouvoirs de l’Eglise, procès des Templiers, conflits avec la papauté…Elles ne s’adressent pas seulement aux passants. A l’époque l’ensemble canonial était clos de murs et réservé au clergé et à ses services, sauf à l’occasion de grandes fêtes.  Il paraitrait vraisemblable que cette exceptionnelle illustration, sur la façade principale de l’édifice, gravée dans la pierre, témoigne avec force au monde présent et futur de la mission et de l’action de l’Église de Lyon.

Ces 320 médaillons composent un grand livre ouvert écrit par l’Archevêque et les chanoines. Il rappelle l’importance vitale de la parole de DIEU et de son fils JESUS-CHRIST par la Foi et par les Œuvres associant la mission spirituelle de l’Eglise de Lyon à la réalité de la vie quotidienne.